dimanche 16 septembre 2012

Discipline à la singapourienne

Hier soir nous avons festoyé et je m'apprêtais à faire un article sur le sujet ce matin avec de nouvelles idées de sorties... Mais ce matin, vers 10h30, lorsque les enfants se sont levés (je les aime quand ils dorment quand on est sorti trop tard la veille), je suis descendue la "tête dans le pâté" au supermarché (qui je le rappelle est au sous-sol de mon immeuble ... le bonheur) pour aller chercher une brique de lait.
A la caisse le "Sunday" affiche une "Une" aguicheuse: "Hair-Cut Punishment. Was mum's reaction unreasonable?" (Coupe de cheveux punitive. La réaction de la mère était elle excessive?)

Bon alors.... devant tant de mystère (qu'est-ce une coupe de cheveux punitive?), j'ai acheté le journal (pour la première fois depuis que je suis à Singapour) et du coup le récit extraordinaire de notre soirée pas raisonnable, sera pour demain!

Je dédicace cet article à tous nos amis profs, à ma môman institutrice, et à Myriam et César :)

Je vous avez parlé de l'école singapourienne, et je vous avez expliqué pourquoi nous n'avions pas fait ce choix (ici et ici), mais vous trouverez aussi des articles très justes vous disant aussi que c'est un choix qui se fait (lire cet article d'une autre blogueuse!).

Donc, amis profs, instits désespérés, devant les enfants qui arrivent une fois de plus débraillés (comprendre avec les cheveux un peu longs), ou juste ceux qui n'écoutent pas, munissez-vous d'une superbe paire de ciseaux et.... coupez-leur les cheveux !!!!

Le fait:
Un enfant de 12 ans, dyslexique et pas mal tête en l'air, avait les cheveux un peu trop long et son prof qui ne pouvait pas l'encadrer l'avait prévenu que pour le méga-examen d'entrée en 6ème, il fallait qu'il soit plus présentable. Après x rappels, qui ne sont jamais remontés jusqu'aux parents, le jour de l'oral, le professeur est arrivé avec une paire de ciseaux et lui a coupé les cheveux.
Fait loin d'être isolé, quelques pages plus loin, une autre mère raconte la détresse de sa fille de 14 ans qui a aussi subi une coupe de cheveux punitive....
Il y a eu plainte, mais surtout c'est monté jusqu'au ministère (comme quoi il n'y a pas que le Roi Arthur de Kaamelott qui a des âneries à écouter) pour savoir si c'est la faute du professeur ou de parents laxistes (Pour reprendre la célèbre phrase de mon Hélène: "les parents font ce qu'ils peuvent et c'est déjà pas mal")

5 pages (les 5 premières pasges) sont consacrés à ce scandale dans le sunday du 16 septembre! Tout d'abord un magnifique avant-propos écrit par un anglais qui rappelle que la moindre des courtoisies dans ce genre d'affaire est de communiquer (tu m'étonnes!). Une page entière où la mère explique qu'elle ne cherche pas à excuser son fils, mais que si le professeur lui avait téléphoné les ciseaux à la main avant de couper les cheveux, elle aurait certainement dit oui (?! Ami professeur, devient coiffeur!). Une autre page où une maman, elle même professeur et maîtresse de discipline (non ami déviant, ce ne sont des pratiques offertes qu'aux enfants), trouve que la punition infligée à sa fille de 14 ans a été dramatique pour l'enfant en phase d'adolescence... et une autre page entière intitulée "No excuses. Boy, you deserve it!"(pas d'excuses petit con mon garçon, tu le mérites), narrant l'histoire d'un garçon de 13 ans qui avait désobeï aux règles de l'école avec cette magnifique phrase du père qui dit "avoir senti que c'était important pour les professeurs de rester fermes".
Enfin, la dernière page est consacré aux conseils pour les parents "Couper les cheveux, avant ou pendant l'exam'?" (annotation d'une mère indignée: leur couper les cheveux pendants l'examen peut affecter leur humeur - ah oui????- donc il vaut mieux le faire avant!) , "pourquoi autant?" (il faudrait favoriser une relation plus sincère avec les professeurs en offrant des fleurs et des gateaux fait-maison pour les remercier, plutôt que des voyages, de l'électroménager, des dîners aux restos...), "gifler c'est mal" (il vaut mieux couper les cheveux que donner une gifle), "ne pas se moquer" (rire du niveau de ses élèves n'est pas mieux non plus) mais "don't let kids get away with excuses" (ne pas laisser les enfants s'en sortir avec des excuses" avec le témoignage d'un professeur ayant utilisé "l'ultime punition scolaire" à savoir la coupe de cheveux punitive!!! et qu'il a rencontré des années plus tard un des élèves punis ainsi, qui, marié, avec des enfants, et une bonne situation professionnelle, l'aurait remercié de l'avoir puni. "Pour moi, ce qui est important dans la punition c'est la raison derrière elle, et la manière de le faire, ainsi que le moment où elle est infligée" de manière à aider les étudiants à explorer leur vrai potentiel, et devenir des bons pères/mères de familles et de bons citoyens...

Je ne vais pas vous traduire l'ensemble des 5 pages mais je retiens que pour punir un enfant, il vaut mieux lui couper les cheveux que lui donner une fessée ou de recopier le réglement intérieur (ah j'en ai copié des réglements intérieurs!)... Visiblement, ici on ne pratique pas l'heure de colle (remarque ils sont collés en "tuition" tous les soirs jusqu'à 21h).
Plus largement, la punition qui humilie semble être une pratique courante dans la scolarité singapourienne, jusqu'à la fac où pour punir un élève on peut lui demander d'être présents à tous les cours et TD mais qu'aucune de ses participations ne sera prise en compte (le bonnet d'âne version singapourienne). On ne parlera pas ici de l'inquiétude des autorités pour leur taux de suicide des jeunes ou pour le manque d'autonomie de leurs élèves (peut être un jour quand j'aurais plus d'éléments!)

Je dis semble car en même temps, mes enfants sont dans le système français et donc je parle quelque part de quelque chose que je ne connais pas. Pour nos amis expatriés à Singapour et qui se posent la question du choix de l'école, là aussi, je vous incite à lire l'article que je cite plus haut qui contre-balancera peut-être cette image négative transmise par un fait divers et donc pas spécialement représentatif!

Cela dit, en France les grands titres des journaux sont plutôt dans le sens inverses: des professeurs dépourvus de moyens de se faire respecter lorsqu'un élève dépasse les bornes des limites....
Donc, visiblement, avant de faire un acte désespéré, munissez-vous d'une bonne paire de ciseaux!

(et soyez assurés de tout notre soutien....)


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